Si vous vivez en Allemagne depuis quelque temps, ou si vous avez visité le pays à plusieurs reprises, vous avez probablement constaté que les paiements par carte bancaire se font bien plus rares qu’en France ou en Belgique. En effet, aujourd’hui encore, la majorité des Allemands préfère effectuer ses transactions en cash, une habitude qui peut sembler étonnante en tant qu’étranger. En outre, les commerçants qui refusent les règlements par carte se révèlent encore nombreux. D’après une étude de la Deutsche Bundesbank en 2018, seul un paiement sur quatre s’effectuerait par carte bancaire. Depuis la pandémie de covid-19, la situation s’est un peu développée, mais plus de la moitié des Allemands préfère toujours utiliser son argent liquide. Comment expliquer leur réticence envers les moyens de paiement modernes ?
En Allemagne, pas de campagnes contre l’argent liquide
Dans certains pays d’Europe du Nord comme la Suède, ce sont les banques elles-mêmes qui dissuadent les citoyens de payer en liquide. Ces dernières financent des campagnes aux slogans créatifs (« Seuls ta grand-mère et ton dealer ont besoin de cash ») afin d’influencer les habitudes de paiement des consommateurs, et ce, dans le but de favoriser une société sans cash. En Allemagne, ce n’est toutefois pas le cas : les banques restent en retrait et ne tentent pas de se mêler des modes de paiement des citoyens.
Les Allemands aiment garder le contrôle sur leur portefeuille
Pour beaucoup d’Allemands, il s’avère plus facile de garder un œil sur ses dépenses lorsque l’on tient réellement l’argent dans les mains. En effet, on perd plus vite le compte lors des transactions par carte, tandis que l’argent liquide dépensé disparaît définitivement du portefeuille. Tendre un billet fait bien plus mal que d’insérer une carte dans un appareil ! En outre, l’argent liquide semble réel et moins abstrait, il peut dès lors donner un sentiment de sécurité et de contrôle. Pour certains, posséder de l’argent liquide est également synonyme de solidarité : avec une carte, impossible d’aider un sans-abri ou un musicien de rue !
Les Allemands se révèlent également plutôt méfiants face aux transactions par carte car ces dernières s’avèrent bien plus traçables que les règlements en cash. Les citoyens tiennent à leur vie privée et craignent que l’État puisse surveiller et tracer leurs habitudes de consommation, ou qu’il profite d’un certain pourcentage du montant payé. Il existe plusieurs moyens d’expliquer ce mode de pensée. D’un côté, on peut considérer qu’il s’agit d’une méfiance commune apportée par la dictature nazie, puis socialiste en RDA, durant lesquelles l’État surveillait constamment les citoyens. D’un autre côté, le peuple allemand a parfois du mal à se séparer de ses habitudes et traditions pour s’ouvrir à une modernité qui n’inspire pas toujours confiance. Certains Allemands ont aussi tendance à associer les cartes bancaires aux cartes de crédit, et donc, à un système qui peut parfois créer des dettes.
En Allemagne, le paiement en liquide est facilité
L’Allemagne est un pays à la population assez dense, les villes y sont nombreuses. Dès lors, les banques physiques et les distributeurs automatiques se développent plus facilement et permettent généralement d’effectuer des retraits à proximité de chez soi. En outre, si la plupart des commerces possèdent un appareil à carte, certains refusent encore d’accepter ce type de paiement ou de réparer leur appareil en cas de problème. En effet, les règlements par carte ou sans contact coûtent bien plus cher aux petits commerçants en raison des nombreuses taxes qui s’appliquent. En Allemagne, il est donc conseillé de toujours avoir du liquide sur soi, mais heureusement, grâce aux nombreux distributeurs, il s’avère très facile de s’en procurer.
Malgré la tendance claire des Allemands à effectuer leurs paiements en liquide, la situation tend à se développer auprès des jeunes générations. Ces dernières se voient de plus en plus séduites par le côté pratique, rapide et peu encombrant de la carte bancaire. Cependant, l’argent liquide ne disparaîtra pas de sitôt en Allemagne : les citoyens y tiennent !